L’agriculture urbaine sera-t-elle l’avenir des plates-formes logistiques ?

La transformation de certains espaces urbains en sites de production agricole peut sembler une absurdité au regard même de la fonction de la ville, en opposition avec le milieu rural.
Pourtant ce concept émergent (ou plutôt ré-émergent) correspond à la volonté de transformer les agglomérations en espaces plus résilients.


Les villes sont des espaces de consommation. Les fonctions de production ont souvent laissé leur place aux activités tertiaires et commerciales. L’idée même de retrouver une fonction de production, à destination des habitants de cette même ville, correspond aux idées d’enrichissement de la biodiversité, de développement des circuits courts, de prospective sur une certaine sécurité alimentaire locale, sur le développement de pratiques écoresponsables.

Bien sûr, à l’exception de villes particulièrement sinistrées, à l’instar de Detroit, les espaces urbains permettant de développer des productions agricoles sont rares. Certains délaissés urbains peuvent toutefois être utilisés à cet effet, notamment le temps qu’un projet de développement se réalise. C’est par exemple le cas de la REcyclerie, à Paris, qui utilise certains espaces de la Petite Ceinture ferroviaire.

Mais un des grands enjeux en milieu urbain est probablement l’utilisation des toitures. Dans une agglomération, elles constituent de vastes espaces souvent inoccupés ou partiellement utilisés pour des installations techniques.

Les plates-formes logistiques, du fait de leurs dimensions, se prêtent particulièrement bien à cette réflexion.

Ces toitures ont trouvé, lors des 10 dernières années, une utilisation potentielle en production d’électricité, en utilisant ces espaces afin de déployer des panneaux photovoltaïques.

L’utilisation des toitures pour la production agricole de salades ou fruits et légumes peut constituer un nouvel enjeu valorisant pour la ville.

Une des premières expérimentations a été celle de Eagle Street Roof Farm à New York, qui produit depuis 2009, sur un espace de 600 m², des fruits et légumes vendus sur un marché ou dans les restaurants de proximité.

Cet exemple a été suivi de nombreux autres notamment un projet de ferme de 20 000 m² en toiture d’un entrepôt près de New York.

Au Canada, un des exemples les plus emblématiques est celui des Fermes Lufa qui ont réalisé à Montréal, au-dessus d’un immeuble de bureaux, un ensemble de 3 000 m² de serres. Les productions de fruits et légumes sont livrées dans les secteurs de proximité ou déposées en points relais dans des magasins de la ville. Livrées en paniers (plus de 1 000 par semaine), les fermes Lufa produisent ainsi 700 kilos de fruits et légumes par jour. Cette entreprise a créé une seconde ferme à Laval et prévoit d’exporter ce concept aux Etats-Unis. Cet exemple, suivi par de nombreux autres, à Hong-Kong, aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas, montre qu’il ne s’agit pas là d’enjeux symboliques mais de vrais projets d’entreprise.

A Paris, plusieurs projets d’utilisation de toiture en ferme urbaine devraient voir le jour. C’est notamment le cas d’une ferme de 1 500 m² en toiture d’une teinturerie industrielle rue de Charenton. Cette ferme urbaine devrait démarrer début 2017.
La Mairie de Paris a lancé cette année un appel à projets « Les Parisculteurs » qui concerne l’utilisation de 33 sites pour l’agriculture urbaine sur une surface totale de 5,5 hectares. Un des projets les plus emblématiques est une ferme de 2 000 m² comprenant un potager, mais aussi un poulailler, en toiture d’un immeuble HLM du 14ème arrondissement.

Autre projet qui devrait voir le jour fin 2017, l’hôtel logistique Sogaris de La Chapelle International. Une partie de la toiture de 10 000 m² est prévue pour accueillir un équipement d’agriculture urbaine.

Ces exemples montrent que ce sujet, malgré les contraintes de faisabilité techniques et économiques, n’est plus tabou et qu’il offre un potentiel d’optimisation de surfaces existantes, tout en participant à l’amélioration de la vie des habitants.
Intégrer une plate-forme logistique dans son environnement immédiat passe par la nécessité de prendre des initiatives nouvelles. Une des principales critiques à l’égard des grands développements de plates-formes logistiques est l’importante consommation de foncier.

Le développement possible de plates-formes logistiques en proche périphérie des agglomérations, répondant ainsi aux besoins de l’e-commerce pour des livraisons rapides de proximité, pourrait trouver dans l’agriculture urbaine une opportunité.

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