L’axe Seine : la logistique au fil de l’eau
L’axe Seine : la logistique au fil de l’eau
Les antagonismes entre les différents pôles de l’axe Seine ont marqué l’histoire de cet ensemble maritime, fluvial, métropolitain et logistique essentiel. Ce sujet ne date d’ailleurs pas d’hier. En 1802, Bonaparte avait cru bon de rappeler que « Paris, Rouen et Le Havre ne sont qu’une même ville dont la Seine est la grande Rue ». Il est utile de se souvenir que l’histoire du Havre est d’abord marquée par une protection militaire de la vallée de la Seine et de Paris. Les Ports de commerce de Rouen et du Havre se sont par la suite développés autour des échanges avec les colonies. Cet ancrage nord-sud est resté le positionnement spécifique de Rouen, alors que la place portuaire havraise s’est résolument orientée vers le développement des échanges avec le reste du monde et notamment l’Asie.
Ce corridor qui constitue une unité géographique est devenue une réalité par la fusion des trois ports en un établissement public unique. En février 2022, une entente axe Seine a été mise en place afin de mutualiser les moyens et donner à ce territoire unique une ambition au profit de ses différents pôles.
Soutenir le dynamisme logistique
La vallée de la Seine représente à elle seule 50% du fret fluvial français et l’ensemble portuaire en fait le 1er port français de conteneurs avec un trafic de plus de 3 millions d’EVP[1] par an. Ses 14,5 millions habitants, comprenant la population de l’Ile-de-France, font de cette unité logistique et démographique un ensemble européen de premier plan.
Le dynamisme logistique du territoire est soutenu par plusieurs piliers qui en font sa force : la logistique, l’industrie et les grands pôles urbains.
Le parc logistique du Havre est estimé à 1 675 000 m² représentant 141 immeubles.[2] Le dynamisme des acteurs havrais comme Seafrigo, qui a fait le choix d’un site de 60 000 m² en 2021 témoigne du potentiel de ce pôle logistique majeur. Le marché du Havre est toutefois marqué par une offre disponible assez limitée. Les 2 principales offres à très court terme sont celles proposées par AEW à Oudalle et par Prologis sur le Parc du Hode (Saint-Vigor d’Ymonville) avec des surfaces respectives de 40 000 m² et 30 000 m². Ces deux immeubles de classe A sont divisibles à partir de 6 000 m².
Si le marché havrais est logiquement très orienté vers les flux overseas et l’importation, le marché rouennais est plus diffus. Une partie de ce marché, autour du port de Grand-Couronne et du terminal conteneurs de Moulineaux, concerne des activités logistiques en lien avec les marchés traditionnels de Rouen : les outremers et l’Afrique. Mais le marché rouennais est aussi porté par la distribution urbaine et régionale.
Une logistique de distribution au cœur d’un bassin de consommation
La Seine-Maritime avec ses 1 250 000 habitants est le 16ème département français. Il se situe au cœur d’une zone de distribution plus large, d’Amiens à Caen et Cherbourg, représentant 3 à 4 millions d’habitants. Le secteur central, celui de Rouen, mais aussi celui de Caen, sont alors choisis comme pôles régionaux de distribution, tant pour les centrales d’achats de la grande distribution que par les messagers.
Le développement du pôle de Bourg-Achard, au carrefour des axes A13 et A28, répond à ces besoins de distribution régionale. L’implantation dès 2016 de Lidl sur ce site témoigne de sa pertinence géographique. A ce jour, une cellule de 6 000 m² est disponible à la location sur le site de Bourg-Achard. Un autre projet porté par le développeur P3 Logistic Parks sur le port de Grand-Couronne est en cours de finalisation.
La messagerie traditionnellement située à Rouen et à Caen, affiche aussi un certain dynamisme. L’entrée sud de Rouen que ce soit Criquebeuf, Oissel ou Saint-Etienne du Rouvray correspond à l’orientation privilégiée pour cette activité. Les entreprises installées à Rouen desservent en général tout le département de la Seine-Maritime. Fait assez rare dans un territoire de cette dimension, un quai de messagerie de 4 300 m² est prévu en blanc pour une livraison 4ème trimestre 2023.
Le made in France en ligne de mire
Territoire d’industrie, la vallée de la Seine mise sur la réindustrialisation et le développement durable. La relocalisation sur ce territoire devient une réalité. A titre d’exemple, Lucibel, fabricant d’éclairages LED, a relocalisé à Barentin, au nord de Rouen, son unité de production qui était auparavant située à Shenzhen. Au travers de ses agences de développement, telles Rouen Normandy Invest, mais aussi de ses projets industriels au Havre, à Caen ou à Louviers, le potentiel de développement économique répond à la stratégie de réindustrialisation.
L’industrie pharmaceutique et cosmétique est présente sur ce territoire depuis longtemps. Le territoire mise aussi sur des filières traditionnelles pleines de potentiel comme la filière industrielle du lin. Mais ce territoire trouve une nouvelle vocation autour des énergies nouvelles : usine d’éoliennes en mer, filière hydrogène, capture de carbone, production de biogaz.
Ces projets industriels se traduisent par la nécessité de disposer d’une capacité d’implantation des entreprises. Ces implantations se retrouvent sur un marché de locaux d’activités notamment situés à Caen et de Rouen, mais aussi dans d’autres villes de ce territoire.
L’axe Seine devient alors progressivement un vecteur de réindustrialisation de la France en mettant en valeur son potentiel logistique, démographique et environnemental.