Le positionnement de la logistique française en Europe, un des sujets de la Conférence Nationale Logistique (CNL)
Il y a douze ans, était publié le rapport Becker. Nombre d’entre nous se souviennent de ce rapport de 114 pages, qui a constitué pendant longtemps un document fondateur sur le positionnement des implantations logistiques en France.
Ce rapport mentionnait l’importance de la logistique dans l’économie, les interactions entre les différentes régions et le positionnement de la France par rapport à la « banane bleue », dont le centre était le Benelux et qui contournait curieusement l’hexagone.
Ce rapport mentionnait l’importance de la logistique dans l’économie, les interactions entre les différentes régions et le positionnement de la France par rapport à la « banane bleue », dont le centre était le Benelux et qui contournait curieusement l’hexagone.
La « banane bleue » était le nom donné en 1989 par Roger Brunet caractérisant l’espace, qui représentait 40% de la population et de la richesse européenne, allant de Londres à Milan.
Parmi les recommandations de ce rapport, nous retrouvions le souhait d’intégrer la logistique comme facteur de développement et d’aménagement des territoires.
Avec ces années de décalage, nous constatons que ce même objectif se retrouve dans le rapport de 113 pages du comité scientifique de la Conférence Nationale sur la Logistique (CNL), publié en mars dernier.
Rien n’aurait alors été fait en douze ans afin de donner aux territoires un positionnement logistique mérité face à leurs concurrents européens ?
Cette comparaison entre deux travaux importants, avec d’ailleurs des participants communs comme Michel Savy, montre qu’un grand pas a été fait, celui de faire disparaître cette « banane bleue » honteuse, qui faisait de la France un territoire à l’écart des principaux flux logistiques européens. Elle n’existe plus, grâce aux efforts des régions, grâce aux volontés publiques de multiplier les axes et pôles logistiques à vocation européenne, grâce aux opérateurs qui ont fait le choix d’implanter en France des plates-formes logistiques.
Certes, les ports du nord de l’Europe restent les portes d’entrée principales. Mais les ports de Marseille et du Havre trouvent progressivement leur place et acquièrent des positions logistiques importantes, jusque-là inconnues.
Cependant, la Banque Mondiale, dans son « indice de performance logistique », classe la France après l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Royaume-Uni. Mais la France met en avant des atouts reconnus comme la qualité de la main d’œuvre, les infrastructures et la disponibilité de terrains.
La logistique en France n’est plus limitée comme il y a douze ans, à l’Ile-de-France, Rhône-Alpes et le secteur d'Orléans. Le Nord a pris une position essentielle dans l’organisation des flux, notamment autour de Delta 3. La région PACA a su conquérir, autour de Clésud et Distriport, une position logistique à vocation européenne.
Le rapport scientifique de la CNL insiste sur l’exemple vertueux des démarches territoriales. Il rappelle que la France a accueilli 16% des investissements logistiques internationaux en Europe et la situe dans le peloton de tête européen, avec le Royaume-Uni.
Cet axe nord-sud, qui attire selon les études environ 80% du marché des grandes plates-formes logistiques en France, constitue une alternative crédible face aux autres pôles majeurs en Europe, du Benelux, d’Allemagne ou du Royaume-Uni.
Le rapport scientifique de la CNL va plus loin en définissant sur le territoire français six espaces logistiques structurants : la métropole parisienne, le Nord, l’Est, l’Ouest, le Sud-Ouest et le corridor méditerranéen. Les autres territoires sont classés en territoire de transit ou territoires montagneux.
La France met en avant de nombreux atouts, notamment un niveau de plateformisation élevé, en moyenne de 29%, mais qui peut monter jusqu’à 61% en Haute-Normandie.
L’étape suivante, constituant un des objectifs essentiels de la Conférence Nationale sur la Logistique, sera de trouver dans la logistique le moyen d’apporter au pays une meilleure compétitivité durable.
Saturation d’infrastructures aujourd’hui insuffisamment utilisées, compétitivité des territoires, compétitivité numérique, logistique urbaine, de nombreux chantiers permettront de trouver, pour les territoires de l’axe nord-sud, mais aussi les autres pôles régionaux souvent oubliés, de l’Est, de l’Ouest ou du Sud-Ouest, les moyens d’attirer l’activité et l’emploi.
La réussite de la Conférence Nationale Logistique du 8 juillet dernier constitue un point d’étape pour structurer la démarche de compétitivité logistique durable de la France.
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